Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/243

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comme Juvencus et Sédulius, se renferment dans l’histoire évangélique, et toute leur tentative est de reproduire, avec harmonie et fidélité, avec un certain ornement poétique, le texte même des Évangiles. Le caractère commun de tous ces poëtes, de tous ces traducteurs en vers de l’Écriture sainte, c’est une scrupuleuse et exacte fidélité. Il s’ensuit, d’une part, une gravité et une sobriété remarquables, c’est-à-dire qu’ils s’interdisent tout ce luxe d’épithètes et d’hyperboles auxquelles on s’attendrait d’abord, et les souffrances du Sauveur, l’ingratitude des Juifs, la froideur des disciples, ne leur arracheront pas plus une épithète amère, qu’elles ne l’arrachent à l’évangéliste lui-même, à l’écrivain sacré. De là résulte, dans tout l’ensemble de ces poëmes, une certaine solennité, une certaine grandeur. Mais, d’autre part, il faut bien reconnaître aussi que la sobriété est poussée jusqu’à la sécheresse : pas d’épisodes, pas de descriptions, presque pas de paraphrases et de commentaires ; le texte seul plié à la mesure de l’hexamètre imité, autant que possible, de la forme ancienne.

Nous comprenons les motifs de ce travail par l’explication même qu’en donnent les auteurs : car Sédulius, le plus populaire d’entre eux, dans son épître dédicatoire à l’évêque Macédonius, explique ainsi le motif qui a conduit sa plume : il déclare qu’il a voulu mettre au service de la foi