Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/263

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première ébauche dans un poëte qui le précédait. de bien loin.

Voilà déjà longtemps que, de concert avec vous, j’étudie les poëtes et que je cherche, à travers l’histoire, ce que c’est que la poésie. Après tant d’années, je connais la poésie, mais je ne la définis pas, il m’est impossible d’arriver à saisir, à considérer, pour ainsi dire, face à face, cette inconnue voilée à nos yeux, comparable à l’Amour dans l’histoire de Psyché, qui ne demeure qu’autant qu’il est invisible, dont la présence s’annonce par sa voix, par son accent, par les charmes mêmes dont il est entouré, mais qui s’échappe dès qu’on l’aperçoit. Ainsi la poésie existe pour moi: je reconnais sa présence. Et, quand je rencontre quelque part cette grâce charmante de l’imagination, cette tendresse infinie du cœur, ce charme insaisissable et que l’art ne donne pas, cette alternative d’un divin sourire et de larmes divines, je déclare que la poésie est là, et je n’en doute pas un moment. Voilà donc un poëte chrétien, un poëte incontestable mais il n’est pas seul. A côté de lui nous en trouvons un moins tendre peut-être, dans lequel respire moins cette âme de Pétrarque, mais plus poëte encore par l’abondance et la richesse de ses compositions je veux dire Prudence. En effet, Paulin était surtout évêque, Père de l’Eglise la poésie et la grâce lui étaient données par surcroît, mais le ministère, la fonction principale, l’unique voca-