Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/265

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que discutée, l’insulte prodiguée aux idoles, les vers glorieux aux martyrs, la louange aux apôtres. Dans la maison d’un riche on étale partout une opulente vaisselle ; la coupe d’or y étincelle, la chaudiere d’airain n’y manque pas. On y voit le vaisseau d’argile, et le plat d’argent large et lourd ; plusieurs vases y sont d’ivoire, d’autres sont taillés dans l’orme ou le chêne. Pour moi, le Christ m’emploie comme un vase sans valeur à d’humbles usages, et souffre que je reste dans un coin du palais de son Père. »

Me paterno in atrio
Ut obsoletum vasculum caducis
Christus aptat usibus,
Sinitque parte in anguli manere (1).

[1]

Vous voyez que Prudence s’annonce d’abord comme poëte, théologien et controversiste, armé pour le combat. Mais il ne s’y engagera pas, comme saint Prosper et plusieurs autres, pour se borner à mettre en vers les traités théologiques, et pour exprimer, avec une fidélité souvent servile, des pensées qui ne lui appartiendraient pas. Au contraire, Prudence ne cherche qu’en lui-même son inspiration et sa verve, et, dans les accents du poëte, plus d’une fois vous retrouverez les anciennes habitudes de l’orateur, surtout dans les deux livres composés contre Symmaque. Vous vous rapp-

  1. Prudence, Peristeph. Préface.