Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/275

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sans nombre rendus aux saints, c’était là pour le protestantisme des témoins incommodes qu’il fallait faire disparaître et réduire au silence. Vainement quelques hommes de goût et dé savoir, Louis Vivès, par exemple, un des plus illustres et des plus zélés sectateurs de la Renaissance, réclamèrent courageusement et demandèrent qu’une place fût faite à ces instituteurs de nos pères : il fallut qu’ils disparussent. Soyons plus équitables que notre admiration soit assez large pour pouvoir rendre aux poëtes des premiers siècles chrétiens la justice qui pendant si longtemps ne leur fut pas refusée, et puisque Prudence, tout fervent, tout converti, tout pénitent qu’il était, avait la tolérance de vouloir que les statues mêmes des faux dieux restassent debout sur le forum, demandons, nous, que les images des premiers poëtes chrétiens soient replacées, elles aussi, debout devant l’école. Il n’y aurait là rien de téméraire : cependant, malgré tout ce que je me suis efforcé de vous montrer de poésie dans ces écrivains, dont je viens de vous tracer l’analyse trop longue peut-être, selon moi, la véritable poésie chrétienne, le fond même de cette poésie chrétienne, n’était pas là : il était ailleurs ; où cela ? c’est ce que nous verrons dans notre prochaine leçon.