Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/35

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bords de la mer Morte, les autres à Alexandrie les premiers voués à la vie active les seconds, au contraire, à la vie contemplative et à la prière : ils vivent dans le célibat, dans la communauté des biens, sans esclaves. Mais le dur esprit du judaïsme s’y manifeste par l’horreur pour les étrangers, et par leur séparation absolue d’avec les autres hommes qu’ils considèrent comme impurs, tellement que, s’ils se sont approchés d’un homme qui n’est pas essénien, ils se purifient ; le pécheur parmi eux n’avait plus de réconciliation à espérer, sa faute était irrémissible : il était défendu de lui tendre une main amie et de rompre avec lui un morceau de pain. Ils prolongent cependant leur existence bien après le christianisme, car Pline l’Ancien les connut, et il cite une nation remarquable entre toutes les autres, « sans femmes ; ayant renoncé à tous les plaisirs, et qui vit pauvre parmi les palmiers ; ainsi, depuis des milliers de siècles, chose remarquable, cette nation subsiste éternelle, et personne ne naît de son sein, tant est fécond pour elle le dégoût des autres genres de vie[1]. » C’est là, et, chez les thérapeutes surtout, qu’il faut chercher l’origine du monachisme chrétien. Tant que le péril fut dans la société, tant qu’elle put être sauvée et qu’il fallut combattre par le martyre pour l’affermissement de la foi, les saints

  1. Plin. Maj., Hist. Na. I, V. Chp. XV (S XVII)