Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/367

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plus resplendissante d’une belle reine. Car, lorsqu’elle daignera y plonger ses lèvres, c’est le reflet de son visage qui blanchira l’argent de la coupe[1]. »

On ne peut être plus aimable et il est impossible que les madrigaux les mieux travaillés l’emportent sur la galanterie exquise de Sidoine Apollinaire. Rien n’indique si dès cette époque il était engagé dans les ordres ecclésiastiques : c’est peut-être encore le poëte mondain qui apparaît.

S’il n’avait pas d’autre titre aux yeux de la postérité, Sidoine Apollinaire se présenterait comme un bel esprit, il remplirait la seconde condition du caractère gaulois.tracé par Caton, argutie  ; mais il serait loin de la première, et rien ne trahirait chez lui l’ardeur des grandes choses, rem militarem. Cependant il n’en est pas ainsi. Devenu évêque, Sidoine en avait pris tous les sentiments et par conséquent il était le -défenseur de la cité. Vous savez comment les grands évêques du cinquième siècle, au milieu de la désorganisation universelle, des invasions continuelles des barbares, devinrent en même temps les magistrats civils et, volontaires de la cité ; vous savez comment leur autorité morale suffit souvent a soutenir le courage des citoyens, à effrayer et à écarter les barbares. Sidoine Apollinaire, à Clermont, était aux avant-

  1. Sid.Apol.,Ep.,I IV, 8, Ad Evodium.