Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/37

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ment commencer à la fondation de Ligugé; je crois voir une trace plus ancienne. On savait bien déjà que c’était saint Athanase qui, ayant connu saint Antoine et écrit la vie de ce solitaire, était venu ensuite en Occident et y avait propagé le goût et la passion de l’imiter. Mais, en considérant, de plus près les voyages de saint Athanase en Occident, on voit qu’il vint pour la première fois à Trêves en 336 exilé par Constantin, il y résida longtemps, et, .pendant ses loisirs, il lui, fut possible de commencer à récrire la vie de saint Antoine : c’est alors sans doute qu’il fit sentir autour de lui les avantages de la vie cénobitique, car de bonne heure il y eut des monastères fondés à Trêves, et ils ont conservé, comme loi et règle vivante, la vie de saint Antoine. Je vous ai déjà entretenus de cette histoire racontée par saint Augustin dans ses Confessions, et qui fit tant d’impression sur lui, de ces deux officiers de la cour qui, se promenant hors des murs de Trèves et s’étant détachés de leurs compagnons, arrivèrent à une maison habitée par des serviteurs de Dieu, par des moines. Étant entrés, ils virent un livre sur une table c’était la Vie de saint Antoine ; l’un des officiers commença à lire ; et au récit de cette vie du désert innocente et pure, sous des cieux sans nuages et en communication avec Dieu, exempte de passions et d’injustices,.le pauvre officier, tout meurtri probablement des injustices de la cour, se senti ému d’un désir infini et, se. tournant vers