Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/433

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et orphanorum instaret, et egenorum curam haberet. »

Ainsi refleurissaient, dans l'école épiscopale de Fiesole, les traditions laborieuses de l’Irlande. Il ne faudra donc pas s’étonner, si l’historien de saint Donatus mêle ses rimes populaires les termes savants, les héllénismes qu’on retrouve chez les écrivains irlandais et anglo-saxons des temps barbares. Il appelle le Verbe de Dieu Theou Logon, le Saint-Esprit Pneuma et quand le peuple, touché d’un miracle, rend gloire au Père, la gravité du sujet veut encore un mot grec « Multa mox in doxa Patris cecinis populus». Sans doute ces exemples ne prouvent point qu’on sût le grec à Fiesole : ils font voir du moins qu’on ne le méprisait pas que, dans un temps si mauvais, la langue du Nouveau Testament, de saint Basile et de saint Chrysostome, était considérée non comme la langue des hérésies, mais comme un idiome saint, qui avait encore sa place dans la liturgie, auquel la théologie empruntait ses expressions sacramentelles, qu’il n’était pas permis d’ignorer tout à fait, et qu’il fallait faire intervenir de loin en loin dans le discours, pour lui prêter je ne sais quoi de solennel et de mystérieux. Mais ce qu’on savait assurément à Fiesole, ce que saint Donatus ne dédaignait pas d’enseigner à ses disciples, c’était la métrique latine, l’imitation des poètes chrétiens qui avaient chanté, dans le