Aller au contenu

Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/72

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que saint Ambroise dit quelque part, s’adressant aux riches :

« Vous dites Je ne donnerai pas mais prenez garde que si vous donnez au pauvre, vous ne lui donnez pas du vôtre, mais du sien. Vous payez une dette, vous ne faites pas une largesse volontaire. C’est pourquoi l’Écriture vous dit Inclinez votre âme vers le pauvre, et payez ce que vous devez[1]. »

Mais, si le christianisme fait de l’aumône un devoir envers le pauvre, c’est envers le pauvre anonyme universel, envers ce pauvre qui s’appelle le Christ, qui est pauvre en la personne de tous les pauvres. Lui seulement est créancier lui seulement a un tribunal où il attend le mauvais riche. Mais le christianisme n’a jamais créé un droit personnel et individuel à chaque pauvre de réclamer cette créance qui lui appartient. Saint Augustin dit « Le superflu des riches est le nécessaire des pauvres. Posséder le superflu, c’est posséder le bien d’autrui. Donnez donc à votre frère qui a besoin ; mais à quel frère ? au Christ. Dieu même a voulu avoir besoin de vous, et vous retirez la main ! » Dieu donc, seul maître de toutes choses, est le seul créancier du riche, créancier invisible et patient. Le riche n’est que son économe mais cet économe est juge des besoins ; il faut qu’il garde

  1. Ecclesiastic.,IV, 8.