Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/9

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vinces, et ainsi se créait, à l’exemple de la constitution des provinces romaines, le pouvoir des évêques et archevêques métropolitains. Enfin, au quatrième siècle, lorsque l’Europe, l’Asie, l’Afrique, cherchent à avoir leur existence à part, les trois capitales de ces parties du monde deviennent trois grands patriarcats : Antioche pour l’Asie, Alexandrie pour l’Afrique, Rome pour l’Europe. — Dans les deux siècles qui suivront, lorsque les barbares auront séparé l’Occident de l’Orient, il se trouvera, sans usurpation, sans tyranie, sans outrage à l’humanité, que l’évêque de Rome, patriarche de l’Occident, est devenu chef suprême de l’Église latine.

Voilà la doctrine répandue au commencement de ce siècle, qui fait école parmi les meilleurs esprits du protestantisme et fait tous les frais de la théologie des plus grands écrivains modernes ; qui a suscité Planck et Néander, et qui soutient tout l’édifice de l’histoire ecclésiastique d’un maître excellent, M. Guizot ; ce système est considérable parce qu’il est modéré, et c’est par cette raison qu’il faut l’examiner aujourd’hui de plus près, et voir jusqu’à quel point on est fondé à donner accès à des opinions qui sont cependant si répandues, et sont devenues si dominantes.

D’abord l’antiquité chrétienne n’admet nulle part cet individualisme dont on veut faire le point de départ de la foi. Le christianisme est moins en-