Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/104

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ils cherchaient de l’airain et du fer. D’ailleurs, les colonies de cénobites, déjà nombreuses dans les contrées de la Gaule qui avaient conservé plus de traces de l’ancienne culture, ne s’aventuraient que lentement sous le ciel froid, dans les forêts stériles, parmi les populations violentes de l’Austrasie. Au sixième siècle, on compte deux cent quatorze établissements religieux des Pyrénées à la Loire, et des bouches du Rhône aux Vosges : on n’en connaît que dix des Vosges au Rhin. Ce n’était pas assez qu’il y eût une législation monastique : il fallait un peuple monastique pour la pratiquer[1]. Cette vocation ne fut pas celle des Francs. Sans doute la France devait compter d’illustres moines, puisqu’elle fut la patrie de saint Bruno et de saint Bernard. Elle introduisit dans les règles monastiques des réformes que toute l’Église honora celles de saint Benoît d’Aniane, celles de Cluny, de Citeaux, de Clairvaux. Pendant quatorze cents ans elle se couvrit d’abbayes, de prieurés, de couvents, n’épargnant, pour les doter, ni la terre, ni les priviléges des rois, ni l’art des architectes et des sculpteurs. Cependant la France ne produisit aucune des grandes règles qui se partagèrent la chrétienté elle laissa aux Orientaux saint Basile, à l’Italie saint Benoît et saint François d’Assise, à l’Espagne saint Dominique et saint Ignace. Il semble qu’elle fut

  1. Gregor. Turonensis, Hist., IX, 39 ; IV, 31. Vita S. Lupi, apud Surium, 1 sept. Mabillon, Annales.