Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/111

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nisme hétérodoxe ; c’étaient les colonies et comme les postes avances de la civilisation latine. Elles en conservaient la science en même temps que la foi, et leurs écoles imitaient ces écoles romaines de la Gaule, d’où étaient sortis tant de flambeaux de l’Église : Honorat, Cassien, Salvien, Sulpice Sévère. Elles perpétuaient l’enseignement des sept arts libéraux de l’antiquité et la grammaire, avec l’étendue que les anciens donnaient à ce mot, y comprenait l’étude des deux littératures grecque et latine. Des maîtres blanchis dans les exercices de la méditation et de la pénitence y expliquaient Ovide, et formaient les novices à écrire dans le rhythme de Virgile. Cette vie austère, mais pacifique et studieuse, avait sa douceur en des temps si durs. Il semble qu’on en ressente le charme quand on relit le chant que voici, écrit en vers latins rimés à la manière de nos séquences, et qui fut longtemps populaire parmi les religieux de Bangor  : « La règle de Bangor est bonne: elle est droite et divine, sévère, sainte et exacte, souverainement juste et digne d’admiration.–C’est la nef battue des flots, mais dont rien ne trouble la paix ; c’est une heureuse demeure fondée sur la pierre ; c’est vraiment la vigne transplantée d’Égypte. C’est la bergerie où le Sauveur garde le troupeau de son père. Épouse et reine digne du Christ, la lumière du soleil fait son vêtement ; elle est simple, elle est savante et invincible, à tous les