Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/123

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous conseille donc, ô noble frère de renoncer aux vaines sollicitudes. Que sert d’engraisser de farine et de son des coursiers généreux ? Que sert d’ajouter le gain au gain, et de mettre denier sur denier ? Pourquoi vous rendre le complice des pervers dont vous recevez les présents ? Le Christ a horreur des présents de l’iniquité. Je dictais ainsi, accablé de maux cruels que souffre mon corps fragile, brisé par l’âge. Car tandis que les temps précipitent leur cours, j’atteins la dix-huitième olympiade de ma vie. Tout passe, et les jours irréparables s’enfuient. Vivez, soyez fort, soyez heureux, et souvenez-vous de la triste Vieillesse ! » En perpétuant ainsi le culte de l’antiquité, en ordonnant d’étudier toujours, Colomban faisait de ses monastères autant d’écoles il tirait ses disciples .de la spéculation et de l’isolement, pour les jeter dans la pratique, pour leur donner prise sur la société. Sa sollicitude était si loin de s’enfermer dans les murs de l’abbaye, que nous avons de lui trois pénitentiels, c’est-à-dire trois traités de pénitence ecclésiastique, l’un pour les moines, le second pour les clercs, le dernier pour les laïques. C’est là qu’il faut chercher, cette distinction profonde du précepte et du conseil, des devoirs et de la perfection, qui fait la grandeur et la solidité de la morale chrétienne. Pendant que le moine est punissable de la plus faible infraction à la règle qu’il a volontairement acceptée, et qu’il y a des