Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/131

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sacrée et profane ; c’étaient en même temps des écoles d’industrie et d’agriculture qui conservaient dans leurs ateliers tous les arts de l’antiquité, qui poussaient avec l’opiniâtreté des vieux Romains le défrichement des déserts. C’est là aussi qu’on voit commencer cette innovation des temps chrétiens, l’éducation des femmes. A l’exemple de la ville cénobitique de Eildare, fondée par sainte Brigite, où une abbesse.et un évêque gouvernaient de concert deux grandes communautés de moines et de religieuses, les monastères doubles s’étaient propagés en Irlande, et plus tard, en Austrasie où l’on connaît ceux de Nivelles, de Maubeuge et de Remiremont. Les hommes et les femmes y vivaient assurément séparés, mais sous une même loi. A Remiremont, l’abbé avait le gouvernement spirituel; l’abbesse semble l’avoir retenu à Nivelles et à Maubeuge. Cette discipline, qui convenait à l’admirable pureté des mœurs irlandaises, ne devait pas se soutenir chez les Francs. Mais les monastères de femmes se multiplièrent : la crosse de leurs abbesses se fit respecter des seigneurs voisins ; leurs bibliothèques s’enrichirent des textes classiques, leurs religieuses prirent rang parmi les chroniqueurs et les poëtes. L’égalité des âmes, que la sagesse antique avait méconnue, devait reparaître dans les monastères pour rentrer dans la famille. Ces graves fondatrices du septième siècle, qui n’avaient songé qu’à l’éducation de quelques