Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/136

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Steinach, tombant de la montagne, se creuse un lit dans le rocher. Or, comme Gallus cheminait en priant, son pied s’embarrassa dans les broussailles, et il tomba. Le diacre voulait le relever ; mais lui s’écria : « Laissez-moi, ce lieu est celui de mon repos pour les siècles. C’est ici que j’aurai ma demeure, parce que je l’ai choisie. » Et, s’étant fait une croix d’une branche de coudrier, il la planta, y suspendit la petite châsse ou il portait des reliques, et s’agenouilla pour demander a Dieu de rendre ce désert habitable. Ensuite les deux pèlerins prirent leur nourriture, et dormirent. Mais pendant la nuit le saint se leva pour prier encore ; et, pendant qu’il était en oraison, un ours descendu de la montagne vint dévorer les restes du repas. Gallus, sans se troubler, lui jeta un pain, et lui dit : « Au nom du Christ, retire-toi de cette vallée, les montagnes et les collines te seront communes avec nous, mais à condition que tu ne feras de mal ni aux troupeaux ni aux hommes. » Le lendemain, le diacre alla pêcher à la cascade et, comme il lançait les filets, deux démons lui apparurent sous ta figure de deux femmes nues qui lui jetaient des pierres, en l’accusant d’avoir amené dans la solitude cet homme sévère, l’implacable ennemi de leur race. Mais Gallus, étant survenu, exorcisa les fantômes ; on les vit fuir en remontant le cours de la cascade, et longtemps encore on entendit dans la montagne comme des voix de femmes qui pleuraient, et qui