Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/155

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des peuples qui tiennent l’étranger pour ennemi. Voilà pourquoi leur apostolat eut à peu près les limités de la population gauloise et de la domination franque ; et si par eux le christianisme avait achevé de gagner des nations, on ne voit pas qu’il eût étendu son territoire.

En dénombrant les évéchés fondés à cette époque sur le territoire des Germains, on en trouve vingt cinq au midi, chez les Bavarois, Salzbourg, Ratisbonne, Freisingen, Passau, Seven ; cinq au centre, dans la contrée habitée par les Alemans, Augsbourg, Coire, Constance, Bâle, Strasbourg ; dix au nord, chez les Francs orientaux, Mayence, Spire, Worms, Trêves, Metz, Toul et Verdun, Cologne, Maëstricht, Cambrai. Maintenant, si l’on considère de plus près les situations géographiques, on reconnaîtra dans ces villes épiscopales les cités des huit provinces romaines, les deux Noriques, les deux Rhéties, la Grande Séquanaise, les deux Germanies et la première Belgique[1]. C’était la frontière du Rhin et du Danube, telle que la politique d’Auguste là traça, celle qu’Adrien couvrit d’une ligne de fortifications. L’Évangile, au septième siècle, n’avait donc fait que reprendre un terrain perdu : il avait mis tout

  1. Pour l’énumération des évêchés d’Allemagne, Binterim, Pragmatische Geschichte der Deutschen Concilien, I, p. 282 et suiv. Rettberg, Kirchengeschichte. Je ne compte point Utrecht, dont l’évêché, fondé par S. Willibrord, appartient aux missions anglo-saxonnes, et j’ai du omettre Sion, Lausanne et Genève, comme les autres églises des pays de langue romane.