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CHAPITRE V.
LES ANGLO-SAXONS - SAINT BONIFACE.

Ce qu’avaient fait les papes pour les Germains.

On a souvent répété que les Églises germaniques se suffirent à elles mêmes, jusqu’à ce que la papauté, étrangère à leurs premiersc travaux, en vînt recueillir les fruits, et s’occupât d’elles pour en tirer des hommages et des levées d’argent. Il semble cependant que des missions ouvertes sur tant de points, et par des hommes de tout pays, se fussent mal soutenues, sans une autorité qui mît des esprits si différents au service d’une seule pensée. Au contraire, les prêtres francs, irlandais, gaulois, parlant tous la langue latine, traités comme Romains par les lois barbares, formaient un peuple uni, qui reconnaissait pour premier magistrat le pontife de Rome. A leurs yeux, cette cité désarmée n’avait pas cessé d’être l’arbitre du monde. Le concours de toutes les nations, les conciles, les écoles, y entretenaient un mouvement d’idées et d’affaires qui attirait les hommes du Nord. Dès le commencement du sixième siècle, et quand Rome avait perdu le prestige de la majesté impériale, on ne cesse de