Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/179

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milliers de moines. Le christianisme descendait ainsi par les degrés de la hiérarchie ecclésiastique jusqu’au fond même de la nation, remaniant les cœurs, et y mettant la justice et la charité à la place des passions de la barbarie, dont le propre est d’opprimer et de détruire. Dans les pénitentiels de cette époque, parmi les œuvres satisfactoires imposées aux pécheurs repentants, on trouve celles-ci : Bâtir des ponts sur les fleuves, rétablir les routes, aider les étrangers, les veuves, les orphelins ; affranchir ses esclaves et racheter ceux d’autrui; nourrir les pauvres, les héberger, leur donner le feu, le bain, le vêtement. Des habitudes si nouvelles se propageaient avec une rapidité qui étonna les contemporàins. Bède célèbre l’âge d’or des Anglo-Saxons, « quand ils avaient des rois chrétiens et guerriers qui faisaient la terreur des barbares; quand tous les cœurs étaient encore tournés vers les joies du ciel, dont ils venaient de recevoir la promesse quand ceux qui voulaient s’instruire dans les lettres sacrées trouvaient des maîtres savants, et que la beauté du chant ecclésiastique commençait à se répandre par toute l’Angleterre. » On peut ’douter de l’innocence parfaite de cet âge d’or, que Bède rejette en arrière, comme il arrive toujours, et dans un temps qu’il n’avait pas vu. Mais ce qu’il faut chercher dans son Histoire, c’est la naïveté quelquefois puérile, souvent touchante, des premières années d’une nation chrétienne ; c’est l’hor-