Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/184

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Irlandais. Premièrement, ils paraissaient en Germanie, non plus comme des étrangers, mais comme des frères, comme les fils d’une colonie puissante qui, en trois siècles, n’avait oublié ni la langue ni la tradition de ses ancêtres. En second lieu, l’Église anglo-saxonne tempéra les austérités de l’Irlande par les sages adoucissements de la règle bénédictine, qu’elle introduisit de bonne heure dans ses cloîtres. Elle ne permit pas à ses évêques et à ses moines la paix d’une solitude éternelle : nous avons vu qu’elle les poussait dans les assemblées, dans les tribunaux, dans les camps. Elle sortait de la spéculation où s’étaient complu les disciples de saint Colomban : elle entrait dans la pratique, et se rompait à l’infinie variété des besoins et des mœurs. Troisièmement, l’éducation que Rome donnait aux peuples d’Occident avait pénétré bien moins profondément en Irlande qu’en Angleterre. L’esprit de saint Grégoire le Grand n’abandonna pas sa conquête. Tous les papes du septième siècle, Boniface IV, Honorius I°, Jean IV, Vitalien, Agathon, tournèrent leurs soins vers cette chrétienté dont les progrès consolaient l’Église des ravages de l’islamisme. L’Italie ne s’était pas épuisée d’un seul effort. De nouvelles recrues soutinrent les quarante moines qui avaient suivi Augustin. Cinq Romains remplirent successivement le siège de Cantorbéry, et, en 668, c’est encore un envoyé de Rome qui va l’occuper un moine de Tarse, appelé Théodore, formé à