Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/198

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en comparaison de quoi ils sont si peu de chose ; Et afin qu’ils ne vantent pas l’empire immémorial de leurs idoles, apprenez-leur que leurs idoles furent adorées par toute, la terre, jusqu’à ce que la terre eût été réconciliée avec Dieu par la grâce de Jésus-Christ[1]

Le chêne de Geiamar.

Tels étaient les conseils que Boniface méditait, en pénétrant de nouveau chez les tribus païennes de la Hesse. Ces ménagements pour les traditions nationales, cette indulgence soutenue de tant de zèle et d’austérité, attiraient les barbares. Beaucoup abjurèrent leurs erreurs. Mais d’autres, en grand nombre, sacrifiaient ouvertement ou en secret aux arbres et aux fontaines, pratiquaient les divinations et les incantations, et consultaient le chant des oiseaux. Alors, par le conseil des plus sages, et pour entraîner par un grand exemple les esprits ébranlés, il résolut de renverser un arbre d’une merveilleuse hauteur, queles païens dans leur langue nommaient le chêne de Thor, et qui s’élevait au lieu appelé Geismar. Une grande multitude de barbares était accourue, menaçant de défendre à main armée ce dernier signé du culte de leur pères, et de mettre à mort l’ennemi des dieux. L’évêque parut, entouré de ces clercs. Aux premiers coups de cognée, un grand vent, qu’on regarda comme

  1. Daniel Bonifacio : «Haec et his similia multa alia quae nunc enumerare longum est, non quasi insultando vel irritando eos, sed placide ac magna objicere moderatione debes. » Epist. Bonifacii, 11, 12, 13, 14.