Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/228

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Je suis leur fille unique ; et plaise à Dieu, tout indigne que j’en suis, que j’aie l’honneur de vous avoir pour frère car nul homme de notre parenté ne m’inspire autant de confiance que j’en ai mis en vous. J’ai pris soin de vous envoyer ce petit présent, non que je le croie digne de vos regards, mais pour que vous vous souveniez de ma petitesse, et qu’en dépit de la distance des lieux, le nœud d’une véritable tendresse nous unisse pour le —reste de nos jours. Voici donc, frère très-aimable, ce que je demande avec supplication : c’est que le bouclier de vos prières me couvre contre les traits empoisonnés de l’ennemi. Je demande aussi que vous excusiez la rusticité de cette lettre, et que Votre Affabilité ne me refuse point quelques mots de réponse après lesquels je soupire. Vous trouverez ci-dessous des vers que j’ai cherché à composer selon la règle de l’art poétique ; non pas par confiance en moi-même, mais pour exercer le peu d’esprit que Dieu m’a donné, et pour solliciter vos conseils. J’ai appris ce que je sais d’Eadburg, ma maîtresse, qui ne cesse d’approfondir l’étude de la loi divine. Adieu : vivez d’une vie longue et heureuse ; intercédez pour moi.

Que le Juge puissant, créateur de la terre,
Qui règne glorieux au royaume du Père,
Vous conserve brûlant de son feu chaste et doux
Jusqu’au jour où le temps perdra ses droits sur vous[1]. »

  1. Willibald, 2 « Ita ut maxima demum Scripturarum erudi-