Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/262

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La guerre de Saxe fut une croisade. Ce caractère se laissait dejà voir dans les expéditions militaires des Mérovingiens chez les ariens du Midi ; il reparaît dans les combats de Charles Martel contre les Sarrasins ; il éclate dans les guerres de Charlemagne. La tradition populaire les représentait ainsi elle avait fait du grand empereur le premier des croisés. Les épopées chevaleresques célèbrent ses conquêtes au pays des infidèles ; et quand Pierre l’Ermite entraînait les populations au cri de Dieu le veut le bruit se répandit que Charlemagne allait sortir de son tombeau d’Aix-la-Chapelle et prendre’le commandement de l’armée chrétienne. Ce bruit n’était point sans fondement : Charlemagne avait ouvert la guerre sainte contre l’islamisme et l’idolâtrie. Plus tard, en même temps qu’elle se transportait en Orient, elle continua dans le Nord. Durant tout le moyen âge, on prit la croix en Allemagne contre les païens de la Baltique. Le champ de bataille reculait, l’intérêt n’avait pas changé. Au reste, les écrivains du huitième siècle jugèrent la lutte où ils assistaient ils y virent autre chose qu’une querelle de frontières. « L’Eternel, qui, dans sa miséricorde, veut le salut du genre humain, avait connu que rien ne pouvait adoucir la dureté des Saxons et, afin de les forcer à-subir le joug doux et léger du Christ, il leur donna pour maître et docteur de la foi le glorieux Charles, qui, les domptant par la guerre, sinon par la raison,