Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/264

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des mœurs étrangères, et la défection successive de tant de tribus qui se faisaient chrétiennes. Ils combattaient avec toute la grandeur d’une cause désespérée, pour l’indépendance du sol, pour les traditions des ancêtres, pour les mystères trahis de Woden, de Dunar et de Saxnot. Ils se défendaient dans leurs foyers, dans un pays dont ils avaient toutes les ressources et tous les souvenirs, au cœur des mêmes bois où périrent les légions de Varus. Les noms des lieux en conservaient encore la mémoire. On y montrait le camp des Romains (Feldrom), la montagne d'Arminius (Herminsberg), la plaine de la Victoire (Wintfeld), le ruisseau des Os (Knochenbach) et le ruisseau du Sang (Rodenbeck) [1]. Le génie de ces temps glorieux revivait en la personne de Wittikind, fils de Werneking, chef des peuplades du Nord. Ce guerrier apportait, avec son épée et son talent militaire, l’alliance de Siegfried, roi de Danemark, dont il avait épousé la sœur, et de Ratbod, chef des Frisons. Les Saxons, soutenus par ces intrépides voisins, n’étaient peut-être pas sans intelligence avec les mécontents de la Bavière et de la Lombardie. Ils touchaient à l’orient les Slaves, les Avares, idolâtres et barbares comme eux, et tous les flots de ces grandes migrations qui partaient des steppes de l’Asie, et, ne trouvant pas d’obstacle dans les plaines de l’Europe

  1. Ces noms de lieux se conservent encore. Cf. Grimm, Deutsche Mythologie,Reichard, Germanien.