Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/289

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sante qui couvrit la contrée. Mais, sur un sol déjà chrétien, où leurs fables n’avaient point.de racines ; ces barbares dépaysés laissaient des ouvertures plus faciles à la prédication. Nous savons comment le christianisme s’en empara. Nous avons vu grandir l’Église anglo-saxonne, qui eut le remarquable mérite d’unir aux lumières de la foi, aux sciences de l’antiquité, un patriotisme soutenu, un culte fervent de l’histoire, de la langue, de la poésie nationales de sorte qu’on y trouve en même temps cet esprit docile qui reçoit la civilisation, et cet esprit original qui se l’approprie pour la communiquer. L’Évangile avait donc à son service un peuple dévoué, latin par l’éducation, saxon par le sang, capable, par conséquent, de servir ses desseins dans la Saxe païenne. L’éducation en faisait un instrument maniable, le sang en faisait un instrument fort. Le moyen de la Providence était trouvé. Les missions anglo-saxonnes furent pour les temps carlovingiens ce qu’avaient été les missions des Irlandais pour la période mérovingienne. En même temps qu’elles convertirent les infidèles, elles travaillèrent à la réforme des chrétiens. Nous les avons vues commencer dès le temps de Pépin d’Héristal alors Wilfrid, Suitbert et Willibrord avaient porté l’Évangile dans la Frise. Deux frères, du nom d’Ewald, étaient allés chercher le martyre chez les tribus saxonnes. Puis l’émigration religieuse s’était continuée à la suite de saint Boniface, qui condui-