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S. Anscaire. Le Christianisme en Danemark et en Suède.

Au milieu de la terreur universelle, un religieux franc, nommé Anscaire, entreprit de dompter ces rois des mers, comme ils aimaient à s’appeler, qui tenaient en échec toutes les forces de l’empire. Il partit en 826, au grand étonnement, non des gens de cour seulement, mais des gens d’Église, qui ne pouvaient comprendre comment un homme paisible osait affronter des barbares regardés comme les ennemis du genre humain..Il porta d’abord l’Évangile chez les Danois ; puis, s’avançant en Suède, il parut à l’assemblée nationale de Byrka. Ses paroles ébranlèrent le peuple, et les vieillards déclarèrent qu’on pouvait recevoir le Dieu de l’étranger. La prédication s’ouvrit humblement ; quelques prêtres hardis s’aventurèrent parmi ces populations sanguinaires, où l’on faisait gloire de ne craindre ni la mer ni le ciel. Une école de douze enfants, rachetés sur les marchés d’esclaves, commença la civilisation de deux royaumes. Anscaire, devenu archevêque de Hambourg et légat du siège apostolique pour les nations septentrionales, animait tout de son zèle. L’Église honora ce grand homme, et le nomma l’apôtre du Nord. Après lui, la Saxe demeura le centre d’une propagande active qui s’exerça par le commerce, par l’hospitalité, par l’enseignement, par tous les moyens qui rapprochent les hommes. La résistance fut longue et opiniâtre le sang des martyrs coula, et ce fut en 1161 seulement qu’une église chrétienne s’éleva sur les ruines