Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/315

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L’exemple du clergé fut suivi du reste des hommes : les rois recoururent à un tribunal dont ils entendaient si hautement vanter la sagesse ; ils lui déférèrent l’arbitrage de leurs différends. De ces appels répétés se forma le droit public du moyen âge, qui attribuait aux papes la consécration de tous les pouvoirs et la garde de toutes les libertés. On en reconnaît les commencements lorsque les Francs consultent Zacharie sur la déchéance du dernier Mérovingien. Plus tard, en 876, l’empereur Louis II reconnaît que les princes de sa race « n’obtiennent la dignité impériale qu’en recevant l’onction du pontife romain. » Le principe posé ne s’arrête plus ; il s’établit dans l’opinion, il passe enfin dans le droit écrit, et la loi de Souabe déclare que « saint Pierre reçoit de Dieu les deux glaives : il retient

    sous la protection des monuments de l’antiquité ecclésiastique ce fut la pensée du collecteur des décrétales. La supercherie ne consista qu’à transformer en décrets solennels les allusions des biographes aux actes des premiers papes, et à placer des décisions plus récentes sous des noms anciens. La seule innovation considérable fut d’établir que le concile provincial ne pouvait juger un évêque sans l’autorisation du souverain pontife. Mais cette nouveauté même ne trompa les esprits que par la satisfaction qu’elle donnait aux besoins du temps. Du reste, les décrétales furent si peu faites pour servir les intérêts de la papauté, qu’elles se taisent sur ses plus importantes prérogatives, la confirmation des évêques, la collation du pallium ; et que, déjà cités en 857 au concile de Quiercy, elles ne sont pas encore connues du pape Nicolas Ier en 863 lorsque, dans dans sa lettre à Hincmar, il énumére les sources de la discipline ecclésiastique. Au milieu de tant de lumières, comment donc un écrivain aussi éminent que M. Guizot a-t-il pu reproduire des opinions surannées, et faire dater de la collation du Pseudo-Isidore les titres de la papauté ?