Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/337

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toutes choses comme la lumière, lorsqu’elle est quelque part, ne se fait pas voir seulement, mais aussi tout ce qu’elle enveloppe. Il ramenait sans cesse les hommes en présence de Dieu et d’eux mêmes il les entretenait de questions redoutables, et qui veulent qu’on y songe toujours, de la vie, de la mort, de l’éternité. Il formait les ignorants à la réflexion, à la méditation, a ces difficiles exercices auxquels la philosophie antique n’avait appelé qu’un petit nombre de sages. Ce furent ces utiles fatigues qui finirent par dompter les paresseux instincts des barbares. La nation germanique y prit le tempérament laborieux-qu’elle a gardé ; et, la passion du travail s’emparant de cette race forte, il ne faudra pas s’étonner d’en voir naître un jour Albert le Grand, Erasme’et Leibnitz.

Il semble que ce fût beaucoup d’avoir forme les intelligences c’était beaucoup plus de réformer les volontés. L’Eglise y parvint par ses institutions pénitentiaires. Toutes les législations punissent ; mais, dans les lois profanes, la peine n’est établie que pour réprimer. Dans les législations religieuses, il faut que le châtiment expie. Chez les vieux peuples du paganisme, le supplice du criminel est une immolation qui apaise les dieux et qui purifie la cité[1].

  1. Ainsi dans la loi des Frisons, additio sapientium tit, 42 « Qui fanum effregerit, immolatur diis quorum templa violavit. » cf Grimm, Deutsche Mythologie, p. 39.