Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/375

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princes chrétiens toutes les images de l’Ancien Testament. On lit dans l’histoire de l’Irlandais Colomba, qu’au temps où il vivait dans une île sur les côtes d’Ecosse, ravi en esprit, il crut voir un ange qui lui présentait un livre de cristal avec ce titre : Livre de l'ordination des rois,lui commandant de lire ce rituel, et d’aller ordonner, selon la forme qu’il y trouverait prescrite, Aidan, roi des Scots septentrionaux. Le serviteur de Dieu obéit, non sans résistance ; et, passant la mer, il ordonna le roi des Scots en lui imposant les mains. Aidan régnait en 573 et, après que les Irlandais furent devenus les instituteurs des Anglo-Saxons, on n’est point surpris de voir chez leurs disciples la tradition d’une royauté marquée de l’onction sainte, et de trouver dans le pontifical d’Egbert, archevêque d’York en 735, un rituel pour le sacre des rois[1]. Ce temps est celui de Pépin, couronné en 752 et l’Angleterre est la patrie de saint Boniface. On comprend que ce grand évoque, chargé d’inaugurer une dynastie nouvelle, une autorité contestée, se soit inspiré des exemples de l’Église anglosaxonne qu’il ait transporté le rituel d’York sous les voûtes de la cathédrale de Soissons, et consacré

  1. On trouve des des traces du sacre des rois en Espagne au septième siècle: « Etenim sub qua pace vei ordine serenissimus Ervigius princeps regni conscenderit culmen, regnandique per sacrosanctam unctionem susceperit potestatem.» (Concil. Toletan. XII Ann. 681, c. q.)