Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/392

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conservaient a Rome, mais comme un droit éteint, qui ne touchait plus que l’imagination des peuples. Ainsi les deux principes de toute-puissance véritable, le droit et le fait, la légitimité et l’efficacité, se trouvaient désunis. La papauté avait commencé à les rapprocher, en appelant les rois des Francs au patriciat. Mais ce titre emprunté de la cour byzantine, prodigué par elle aux princes barbares de toute nation, et qui impliquait d’ailleurs l’aveu d’une sorte de dépendance, ne convenait plus à la juste fierté des Occidentaux. Le huitième siècle touchait à sa fin, quand toutes les circonstances semblèrent conspirer pour que le pouvoir temporel se recomposât, reprît son nom d’empire, et se trouvât replacé dans ses fonctions à la tête des hommes et au service de Dieu.

Translation de l'empire aux Francs

D’un côté, l’empire grec était tombé de chute -en chute entre les mains d’une femme, et le nom même des Césars s’éteignait en Orient. D’un autre côté, Charlemagne, après trente-deux ans de conquêtes et de réformes politiques, portait la seule épée qui pût sauver la chrétienté des païens du Nord comme des infidèles du Midi c’était le civilisateur des barbares, le législateur d’un État qui égalait l’ancien empire d’Occident, et qui en comprenait toutes les capitales, Rome, Ravenne, Milan, Trèves. Le vœu du peuple chrétien demandait, et Léon III le trouva juste, de mettre le nom où était la puissance. Le jour de Noël de l’an 800, Charlemagne