Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/400

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quand Charlemagne, maître de la Gaule, de l’Italie, de la Germanie, reçut a la fois l’hommage du duc des Basques, du roi des Asturies, qui se déclarait son vassal, et des chefs de clans irlandais, qui le nommaient leur seigneur et leur maître, pendant que les empereurs byzantins traitaient avec lui de puissance à puissance, et que le calife Aaroun al Raschid lui envoyait les clefs du saint sépulcre[1]. Après ces courtes années, l’empire d’Occident se perd dans les partages de famille. Vainement la forte main d’Otton Ier essaya de recomposer le corps de la monarchie universelle, il fixa sur les bords du Rhin le siège d’une souveraineté puissante, à laquelle se rattachèrent pour un temps le Danemark, la Pologne et la Hongrie, Mais l’Angleterre, la France et l’Espagne lui avaient échappé pour toujours, et les rois de ces nations revendiquaient chacun pour son compte les droits des Césars. Ainsi se trahit la faiblesse de l’empire ; et bientôt après on voit le danger qu’il prépare à la chrétienté, lorsque la pensée de Charlemagne et d’Otton passe à des esprits moins grands et par conséquent moins modérés, les pousse à la confusion du spirituel et du temporel, et menace de renouveler la théocratie des sociétés païennes.

Saint Thomas et Dante.

Cependant ne nous hâtons point de traiter l’institution du saint-empire romain avec un mépris que

  1. Eginhard, Vita Caroli Magni, 16.