Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/402

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du temps et de l’éternité, avec deux destinations auxquelles correspondent deux lois et deux puissances, l’une séculière, l’autre religieuse. La destination terrestre du genre humain est de réduire en acte toute la puissance intellectuelle dont il est doué. Dante s’applique à prouver que ce grand travail veut l’unité de dessein, de conduite et de pouvoir. Le pouvoir nécessaire à la paix de l’univers est déposé dans les mains du peuple romain, en qui paraissent tous les signes de l’autorité légitime premièrement, la noblesse ; car où trouver un peuple plus noble, c’est-à-dire plus fécond en vertus ? Secondement, la victoire s’il y a un jugement divin dans le sort des combats, Rome combattit les nations comme en un duel judiciaire, et remporta l’honneur du champ clos. Enfin, la volonté divine elle se manifeste par les prodiges qui sauvèrent tant de fois la ville de Romulus, mais surtout par le libre choix du Christ, qui, maître de toute la terre, voulut naître justiciable des Césars. De Césars en Césars, l’empire passe à Justinien pour revenir à Charlemagne, aussi durable que le monde il a sa raison d’être dans l’économie de la création, et relève de Dieu seul. C’était la doctrine d’un citoyen, d’un magistrat de la libre Florence, du poëte national de l’Italie[1].

  1. Le traite de Regimine principium , commencé par S. Thomas, qui le poussa jusqu’au quatrième chapitre du second livre, fut continué par son disciple Ptolémée de Lucques. On doute cependant