Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/415

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

était beau, tout se passait en plein air ; sinon, dans des salles séparées, de façon que les seigneurs ecclésiastiques ou séculiers, délivrés de la multitude, restassent maîtres de siéger ensemble ou séparément, selon la nature des questions à traiter, ecclésiastiques, séculières ou mixtes[1]. » Mais sous les voûtes peintes et les lambris dorés d’Aix-la-Chapelle,au milieu d’un éclat qui éblouissait les ambassadeurs de Constantinople comme les envoyés des rois barbares, on reconnaît les vieilles mœurs des Germains, et, sous l’appareil de l’aristocratie militaire, le reste d’une coutume qu’on peut appeler démocratique. Assurément on ne doit pas croire, avec quelques écrivains allemands, que la démocratie sortit tout armée des forêts de la Germanie, et qu’elle n’avait plus qu’à prendre paisiblement possession du monde, quand le droit romain et le christianisme vinrent l’enchaîner. Mais il faut bien se souvenir de ces assemblées , décrites par Tacite, où les peuples délibéraient sous les armes de ces réunions périodiques où les hommes libres, sous la présidence des magistrats,

  1. Hincmar,Ordine palatii, Opera,t.II, p. 206 et suiv. « Ut ex quacumque parte totius regni quicumque desolatus, orbatus, alieno œre oppressus. injuste calumnia cujusque suffocatus. maxime de viduis et orphanis, tam seniorum, quamque et mediocrium uniuscujusque secundum suam indigentiam et qualitatem, dominorum vero misericordiam et pietatem, semper ad manum haberent, per quem singuli ad pias aures principis perferre potuissent. »