Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/427

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diesse. de l’écrivain qui voulut y mettre, dans la forme, toute la poésie du passé, dans le fond, toute l’érudition de son temps. Cette inspiration téméraire fit la gloire de Martianus Capella et la fortune de son livre. Ce qu’il fallait atteindre chez les barbares destinés à peupler bientôt les écoles renouvelées, c’étaient les imaginations : il fallait satisfaire les besoins poétiques de ces hommes qui n’avaient jamais ouvert de livres, mais qui passaient les veillées d’hiver à entendre les chants de leurs scaldes. Comment eussent-ils supporté le maître qui aurait voulu les engager d’abord dans les difficultés de la conjugaison ou dans les détours du syllogisme ? Mais si on leur contait les épousailles d’un dieu et d’une mortelle, ils prêtaient une oreille docile et après que le poëte avait consacré d’eux chants à décrire les merveilles de la noce divine, ils ne refusaient plus d’écouter les sept compagnes qui, dans autant de livres, se chargeaient de les initier aux mystères du savoir humain. Je ne m’étonne plus que l’ouvrage de Martianus Capella ait passé l’un des premiers dans les langues du Nord, et que nous en ayons une traduction allemande du onzième siècle[1].

  1. Martianus Capella, de Nuptiis Mercurii et Philologiae, edidit Kopp : Francfort, 1836. La division des sept arts est déjà indiquée par l’hilon, de Congressu qui définit aussi la grammaire, en lui donnant toute l’étendue qu’elle garde au moyen âge. Je cite la traduction latine : « Scribere legere est minus perfectae grammaticae quam quidam, torquentes vocabulum, grammatisticam vocant,