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et du plus illustre de tous, Isidore de Séville[1]

Isidore de Séville.

Un récit de la jeunesse d’Isidore prouve la perpétuité de l’enseignement public en Espagne, et jette quelque jour sur les études auxquelles on exerçait non-seulement les moines, mais les fils des nobles et les parents des rois. On raconte que l’enfant, resté orphelin, fut élevé auprès de son frère Léandre, évêque de Séville, et qu’il trouva si peu d’attrait aux premiers éléments des lettres, qu’il résolut d’y renoncer, et quitta furtivement la maison fraternelle. Après avoir longtemps erré dans la plaine aride, il s’arrêta mourant de fatigue près d’un puits, et, en se reposant, il regardait avec curiosité les sillons qui creusaient la margelle. Et s’étant fait expliquer par un voyageur comment la corde, toute faible qu’elle était, à force de passer et repasser, avait fini par sillonner la pierre, il en conclut que toute la dureté de son intelligence n’empêcherait pas les lettres d’y ouvrir à la fin leur sillon. Il retourna donc chez son frère ; et celui-ci, peu rassuré d’une conversion si brusque, enferma le jeune fugitif dans une cellule, où, durant plusieurs années, il reçut les leçons des plus savants maîtres. Il ne faut pas accuser la sévérité de Léandre, car en même temps il écrivait à Florentina les lignes que voici: « Je vous conjure, comme une sœur très-chère, de ne point m’oublier dans vos

  1. Nicolas Antonio, Bibliotheca Hispana vetus. Andrès, Storia d'ogni letteratura, t. 1.