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Les Francs initiés aux lettres latines

En effet, ces Germains que nous avons vus si longtemps impatients de toute règle, commençaient a se plier aux lois du travail, à souffrir qu’un maître châtiât leur langage, chargeât leur mémoire, disciplinât leur pensée. Quand tout l’effort de la royauté mérovingienne était de rappeler les temps romains, il fallait bien qu’elle en adoptât la langue. Childebert avait appris le latin, s’honorait d’aimer la paix, la justice et les lettres, et se faisait représenter à la porte de l’église de Saint-Vincent en robe longue et tenant un livre. Charibert semait sa prose de toutes les fleurs de l’ancienne rhétorique. Chilpéric s’était élevé jusqu’à la poésie, et avait composé deux livres de vers. Si Grégoire de Tours affirme que les vers du poëte couronné se tenaient mal sur leurs pieds, la postérité, plus complaisante, n’en jugea pas de même, et la statue de Chiipéric fut sculptée au portail de Notre-Dame, un violon à la main, dans l’attitude d’Apolloli. Clotaire II avait reçu une éducation savante, qui lui apprit à craindre Dieu et à supporter les hommes[1]. L’exemple des rois entraînait

    Credidi in undoso me dare vela freto.
    Ex quibus in paucis superaddita syllaba fregit,
    Et pede laesa suo musica clauda gémit.

    Carmina III, 16 Il célèbre ainsi l’évêque Baudoald

    Florens in studiis, et sacra lege fidelis

    .

  1. Fortunat : Quum bella odisset (Childebertus), pacem, et