Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/469

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Celle qu’on nommait lumbrosa allongeait le discours, et employait quatre mots pour un ; celle qu’on appelait syncolla abrégeait tout, et par un mot en remplaçait quatre. Les six autres metrofia, belsabia, bresina, militena, spela, polema faisaient subir au langage des changements dont on ne se rendrait point compte, si Virgile ne prenait la peine de citer les douze noms du feu. Le vulgaire l’appelle ignis ; mais les sages le nomment quoquevihabis, parce qu’il cuit ; ardon, parce qu’il s’embrase ; calax, parce qu’il chauffe ; spiridon, parce qu’il exhale une vapeur ; rusin, de la rougeur du charbon ; fragon, des fracas de la flamme ; fumaton, de la fumée ; ustrax puisque le feu consume ; seluseus, à cause du silex d’où on le tire ; aeneon, du vase d’airain qu’on lui confie. C’est ainsi qu’on arrivait à créer douze signes pour une même pensée, et qu’on se réservait une langue philosophique, mystique, au-dessus de celle qu’on avait l’humiliation de parler avec tout le monde[1].

  1. Virgilius Maro, Epitom., p. 100 : « Ob tres causas phona scinduntur : prima est ut sagacitatem discentium nostrorum in inquirendis atque inveniendis his quae obscura sunt, adprobemus ; secunda, propter decorem œdificationemque eloquentiœ ; tertia, ne mystica quae~ solis gnaris pandi debent passim, ab infimis ac stultis facile reperiantur ; ac, secundum antiquum, sues margaritas calcent. Etenim si illi didicerint hanc sectam, non solum in agris nihil agent pietatis, verum etiam porcorum more ornatores suos laniabunt. » Epitom., p. 124 « Hic (Virgilius Asianus) scripsit librum nobilem de duodecim latinitatibus quas his nominibus vocavit. Prima latinitas usitata, secunda assena, tertia semedia, etc. 99. Ut autem duodecim generum experimentum habeas, unius licet