Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/481

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place Virgile à la fin du sixième siècle. Nous savons quels combats se livraient alors la civilisation et la barbarie dans l’Église, dans l’État, dans les lettres ; et nous avons assez vu où en étaient les partisans de l’antiquité, pour ne nous étonner ni de leur opiniâtreté ni de leurs terreurs. Il ne faut pas dire que le paganisme n’avait plus de disciples, puisque Théodoric avait dû renouveler les lois des empereurs chrétiens contre ceux qui offraient des sacrifices et qu’en 545, pendant le siége de Rome par Bélisaire, les païens voulurent rouvrir les portes du temple de Janus. Si la capitale du christianisme tolérait encore des infidèles, on devait les trouver plus nombreux dans les provinces, où la foi répandait moins de lumières. Rien n’empêche donc de faire fleurir l’école de Toulouse vers l’an 600, et des indications décisives y conduisent.

Et d’abord le savant éditeur de Virgile avait déjà reconnu que cet écrivain cite un chant composé en l’honneur de la reine Rigadis, probablement la même que Rigonthe, fille de Chilpéric et de Frédégonde. Maison n’avait peut-être pas assez remarqué tout ce qu’il y avait de poétique, de populaire et d’attachant pour les Aquitains dans les aventures de cette princesse, fiancée, en 584, au roi des Visigoths Reccared, partie avec des trésors prodigieux et une escorte de quatre mille hommes ; obligée de séjourner à Toulouse pour ravitaillers a