Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/525

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d’une aventure qui rappelle les épisodes de l’Odyssée. Comment oublier, en effet, l’île des Cyclopes, Polyphème, et la pierre lancée sur le vaisseau d’Ulysse ? comment ne pas reconnaître tous les traits de la fable grecque dans cette peinture de l’île des Forgerons, que Brendan et ses compagnons découvrent sur la route ? « Ils virent une île vilaine et très-përilleuse, sans arbres et sans herbe, couverte d’écume de fer, et pleine d’officines de forges. Ils ouïrent le son des soufflets soufflants, ainsi que des tenailles et des maillets contre le fer et les enclumes. Et de l’île sortit un habitant, comme pour parfaire quelque œuvre. Il était hérissé et tout brûlé, de couleur noire. Comme il vit les serviteurs de Dieu passer près du bord, il retourna en son officine. L’homme de Dieu cependant disait à ses frères : « Mes fils, tendez plus haut vos voiles, naviguez tôt, et fuyons cette île. » Quand il eut ainsi dit, revint l’homme d’auparavant au rivage devers eux ; il portait une tenaille dans ses mains, et une masse toute vermeille d’écume de fer, d’extrême grosseur ; laquelle il jeta hâtivement sur les serviteurs de Dieu, et elle ne leur nuisit point, car elle les trépassa comme de l’espace d’un stade, où elle plongea dans la mer et la fumée de la mer monta comme la fumée d’un fourneau[1].

  1. Usher (Veterum epistolarum hibernicarum sylloge, note XVI) atteste l’existence de l’église de Trim, « quæ græcae ecclesisae no-