Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/532

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si austère retrouvait la grâce, l’enjouement, et toute la mythologie des poëtes profanes, pour adresser de petits vers à un ami. Les trois grandes abbayes qui marquèrent le chemin de son apostolat, Luxeuil ; Bobbio et Saint-Gall, donnèrent la science irlandaise autant de chaires, d’où elle se répandit chez les peuples voisins. Nous savons déjà comment le cloître de Luxeuil fut une pépinière de grands évéques ; les leçons qu’ils reçurent nous sont connues par la biographie de saint Agile, qui, formé aux arts libéraux dans ce monastère, y enseigna l’éloquence et la théologie. Bobbio devint le flambeau de l’Italie septentrionale. Le moine Jonas, qui en fut l’historiographe vers 645, écrivait les vies de saint Colomban et de ses premiers disciples dans une langue élégante, poétique, et ne faisait pas difficulté d’entremêler aux citations des livres saints les réminiscences de Tite-Live et de Virgile. Mais rien ne devait égaler la gloire littéraire de Saint-Gall. Les Irlandais, comme parle un contemporain, ne cessèrent de peupler ce nid d’aigles que leur intrépide compatriote leur avait fait dans la montagne. Des moines de la même nation secondent les efforts d’Othmar, qui, au temps de Charles Martel, relève l’abbaye de sa passagère décadence. La bibliothèque conserva longtemps les livres copiés de leurs mains on y remarquait Virgile et son commentaire, les poésies sacrées de Juvencus et de Sedulius, la métrique de