Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/572

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Il y a ici plus qu’une misérable répétition des anciens, il y a l’enthousiasme sérieux d’un maître qui connaît les joies austères de l’étude, qui veut les communiquer, et qui, s’il aime les livres, aime encore plus les hommes. N’attendons pas de lui la mauvaise pensée de cacher la science, d’en faire une doctrine secrète, réservée au petit nombre. Il prodiguera, non pas aux clercs seulement, mais aux laïques, mais aux gens de cour et aux femmes, tout ce qu’il sait des lettres divines et humaines. Ses écrits propagent la saine tradition des anciens, non seulement des Latins, mais des Grecs. Cependant n’attendons pas non plus qu’il dépouille tout d’un coup le génie, le goût, les habitudes de son pays et de son temps. Il faudra lui pardonner ces raffinements qui tiennent de la barbarie comme de l’extrême civilisation. Les rhéteurs aquitains lui ont appris à couper en deux un mot trop long pour la mesure de ses vers. Il poussera aussi loin que ses devanciers l’art des anagrammes et des logogriphes. Un de ses amis lui donne un peigne d’ivoire : il est bien moins ravi de la valeur du présent que d’un si beau sujet d’énigme « de cet animal à deux têtes armé de soixante dents, qui tient de l’éléphant, mais n’en a pas la taille. » Il y a autant de subtilité avec plus de grandeur dans un dialo-

    praefatio. Les écrits d’Alcuin attestent qu’il sut le grec mais je remarque surtout une lettre à Angilbert, où il lui conseille de corriger un exemplaire du psautier sur le texte des Septante.