Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/576

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Quand les Sarrasins brûlaient, les villes du Midi, et que les Saxons forçaient la frontière du Nord ; quand Charles Martel, entouré de prêtres concubinaires et simoniaques, leur abandonnait les dépouilles de l’Église ; quand, selon l’expression d’Hincmar, le christianisme semblait aboli, comment tant de désordres n’auraient-ils pas troublé le recueillement de l’étude.En même temps qu’un soldat tout couvert de sang prenait possession du siège épiscopal de Mayence, les revenus de l’abbaye de Fontenelle servaient à équiper des hommes d’armes. Ces grands monastères, accoutumés au murmure studieux des écoliers qui se pressaient autrefois sous leurs cloîtres, n’entendaient plus que les hennissements des chevaux, les aboiement des meutes et le sifflet des dresseurs de faucons. En plusieurs lieux, le déclin de l’enseignement ecclésiastique en vint à ce point, que, le prêtre ne comprenant plus les paroles sacramentelles, on doutait de la validité des baptêmes[1].

  1. Ci-dessus, chap. v, et l’Histoire littérairedes Bénédictins, t. IV, p. 1 et suiv. Je regrette d’avoir connu trop tard le savant travail où M. Beugnot réduit de beaucoup les accusations dont on acharne la victoire de Charles Martel. Cependant la correspondance de S. Boniface atteste le déplorable état de l’Eglise de France, et surtout la corruption du clergé dont Charles Martel s’entourait. Voyez surtout la lettre 12 de S. Boniface (édition de Giles). Les règlements du concile de Leptines semblent prouver aussi que le pouvoir temporel avait mis la main sur les biens de l’Eglise pour subvenir aux frais de la guerre : « Statuimus quoque, cum consilio servorum Dei et populi christiani, propter imminentia bella et persecutiones ceterarum gentium quae in circuitu nostro sunt,