Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/65

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par le poignard d’une concubine couronnée ; des leudes ingrats attachaient leur vieille reine à la queue de leurs chevaux. En même temps, des bandes armées descendaient en Bourgogne et en Auvergne, brûlant et rasant les villes, les monuments les églises ; ne laissant que la terre qu’elles ne pouvaient emporter, et s’en retournant avec de longues files de prisonniers enchaînés, pour être vendus sur les marchés du Nord[1].

Rien donc ne paraissait changé. Ces. désordres continuaient ceux des siècles précédents il n’y avait dans les Gaules que six mille chrétiens de plus. Mais les moments qui décident du sort des nations se cachent dans le cours ordinaire du temps : le propre du génie est de les saisir, et ce fut le mérite du clergé gallo-romain. Il ne méconnut point les vices des Francs, il en fit la dure expérience ; mais il connut aussi leur mission. Une s’effraya pas de ce qu’il lui en coûterait de travaux et d’humiliations pour aider à ce grand ouvrage, et, pour tirer d’un peuple si grossier tout ce que la Providence en voulait faire : Dès lors on voit commencer cette politique savante des évêques, qui éclaire les sanglantes ténèbres des temps mérovingiens. Elle paraît tout entière dans la pensée de saint Remi, si l’on en croit l’écrivain de sa vie. La nuit qui précéda le baptême de Clovis, comme il était seul avec la reine

  1. Vita S.Austremonii; Vita S. Fidoli