Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

le spectacle de l’immortalité ; et pendant deux cents ans les plus grands maîtres de la Toscane ne crurent pas leur gloire complète s’ils n’avaient pas une fresque au Campo Santo. Si l’on appela Sienne l’Antichambre du Paradis à cause du grand nombre de ses saints, elle mérita le même nom par la splendeur de ses édifices, par sa cathédrale aérienne, par son palais public tout peuplé d’images héroïques et religieuses, par son école de peinture si chaste, si naïve, si injustement négligée. Florence, la plus riche en souvenirs, sera la plus féconde en œuvres. Ne vous effrayez pas de ces murs cyclopéens, de ces façades austères, de ces créneaux menaçants ; franchissez le seuil des églises et des palais : vous trouverez que le pinceau les a peuplés de visions célestes, de figures rayonnantes de jeunesse, d’innocence et de douceur ; et vous vous demanderez, quand tout était plein de combats, où les artistes toscans allaient chercher ces visages d’anges, de vierges et de jeunes saints. Ils ne les cherchaient pas loin, ils les trouvaient près d’eux, dans les couvents à la porte desquels venait mourir le bruit des guerres civiles, dans les