Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/64

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Enfin, tandis que votre mère, qui du moins vous suivit jusqu’au bout et prit sa part de toutes vos douleurs, tandis qu’une telle mère, à cause de la hauteur de la croix, ne pouvait plus atteindre jusqu’à vous ; en ce moment madame la Pauvreté vous embrassa de plus près que jamais : Elle ne voulut point que votre croix fût travailée avec soin, ni que les clous fussent en nombre suffisant, aiguisés et polis ; mais elle n’en’ prépara que trois, elle les fit durs et grossiers pour mieux servir les intentions de votre supplice. Et pendant.que. vous mouriez de soif, elle eut soin qu’on vous refusât un peu d’eau en sorte que ce fut dans les étroits embrassements de cette épouse que vous rendîtes l’âme. Oh ! qui donc n’aimerait pas madame la Pauvreté par-dessus toutes choses[1].  ? »

S’il était bienséant de porter les couleurs d’une noble dame et glorieux de se faire tuer pour elle, il n’y avait guère moins d’honneur à savoir la chanter. Rien ne manquait plus à l’éducation chevale-

  1. Vita a tribus sociisI : «  Forsan uxorem accipere cogitasti ? Verum dixistis, quia nobiliorem, et ditiorem, et pulchriorem sponsam quam unquam videritis, accipere cogitavi. Et deriserunt eum.  » Cf. Thomas de Celano, I. Saint Bonaventure, VII « In privilégie Paupertatis, quam modo matrem, modo sponsam, modo dominam nominare solebat ». Éloge de la Pauvreté, Fioretti di san Francesco, cap. XIII. Prière de saint François pour madame la Pauvreté, Opera sancti Francisci