Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/10

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le béret, la veste rouge, la ceinture éclatante, la culotte courte et la guêtre, qui donnent à toute la personne un tour vif et dégagé. Jamais on ne vit gens plus lestes à la danse, pendant que le ménétrier, trônant du haut de son tonneau, exécute un air mélancolique et monotone, sur une espèce de guitare à quatre cordes qu’il frappe d’un tampon, à peu près comme on se figure la cithare et le plectrum des anciens. Mais jamais aussi on ne vit gens plus recueillis à la procession, et je ne saurais oublier ces deux longues files de montagnards qui se déroulaient au chant des hymnes sur la place de Laruns le soir de la Notre-Dame d’août. J’admirais surtout de grands vieillards, droits comme les pins de leurs forêts, portant avec dignité des manteaux qu’on ne voit plus que dans les peintures du moyen âge. Derrière, venaient le maire et les adjoints en habits de paysans ; l’écharpe officielle se nouait sur leur pourpoint violet ; de longs cheveux encadraient leurs visages respectables et fins, types de cette race ingénieuse et polie, aussi habile, assure-t-on, à poursuivre une affaire en justice qu’une bête fauve dans la montagne. Le peuple basque a moins de charme et plus de gravité. Sans doute c’est plaisir de suivre les jeunes gens à ces jeux de paume où deux villages, deux cantons, se livrent un combat de vigueur et d’adresse. Les anciens siègent au banc des juges, et pourquoi tairais-je qu’une fraîche retraite, ménagée dans le mur, garde la bouteille,