Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nées aux Asturies. De l’autre côté, de fréquentes échappées de vue laissaient apercevoir la mer. Ces grands aspects, la douceur de l’air, la verdure encore toute vive et fraîche dans une saison si avancée, faisaient de ce pays un paradis terrestre, mais un paradis ensanglanté par les passions des hommes car nous apercevions de loin le château et les bastions. démantelés de Fontarabie. Gardez-vous de laisser à l’écart cette petite et vaillante cité. On y entre comme il convient d’entrer en Espagne, par des ruines, par une porte menaçante et des remparts croulants. Devant vous monte une rue, la plus espagnole que vous trouverez d’ici jusqu’à Tolède, toute bordée de maisons antiques, avec les armoiries sur la porte, avec les balcons, les galeries, les grilles d’où les dames de céans voient et se laissent voir. Au haut de la rue s’élèvent deux nobles édifices, le château de Charles V, dont la masse noire et cyclopéenne a essuyé nos boulets ; l’église, seule intacte au milieu de cette ville délabrée, comme pour rappeler que le Dieu des ruines est aussi celui des résurrections. Fontarabie ne se tient pas pour morte ; les pêcheurs de sardines y forment une tribu fière de la pureté de son sang et de l’honnêteté de ses filles. Les palais n’y sont plus que des masures, mais des masures pleines de soleil, d’enfants et de joyeuses chansons.

A quelques milles de Fontarabie, les rochers du rivage s’ouvrent, et les collines s’arrondissent pour