Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/156

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mettre la sainteté de la cause par la violence des moyens. Pascal l’avait compris, et l’a dit quelque part « La conduite de Dieu, qui dispose toutes choses avec douceur, est de mettre la religion dans l’esprit par la raison, et dans le cœur par la grâce. Commencez par plaindre les incrédules ; ils sont assez malheureux. Il ne faudrait les injurier qu’en cas que cela leur servît et cela leur nuit. » Ce langage est honorable pour un temps où la religion était maîtresse. Il est instructif pour le temps présent.

En cherchant à se rendre compte de l’état des intelligences, on verra que par le concours des événements et des fautes, à la suite des trois siècles de renaissance, de protestantisme et de mauvaise philosophie, les esprits se trouvent divisés en trois classes nombreuses ceux qui croient, ceux qui doutent et ceux qui nient. Et si l’on cherche dans les âges passés l’exemple d’une situation pareille, on en reconnaîtra quelque image vers la fin du quatrième siècle, quand le paganisme et le christianisme se disputaient encore le monde au milieu de l’incertitude de beaucoup d’hommes. La querelle au fond n’a pas changé, et la conduite des Pères marque maintenant encore nos devoirs. C’est saint Basile entretenant une touchante correspondance avec le sophiste Libanius, entourant de toute la piété filiale d’un disciple son vieux maître païen, dont il ne désespéra jamais. C’est saint Augustin