Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/16

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les culottes courtes : on le prendrait pour un familier de la Sainte Inquisition. ·

En quittant Saint-Sébastien, on s’éloigne de la mer, et l’on s’engage dans une vallée semblable à celles des Basses-Pyrénées, verte encore et arrosée d’un gave rapide. C’est la même nature, le même peuple basque avec son industrie et son activité. Pas un pouce de terre perdu sur ces hauteurs les villages se succèdent nombreux et bien bâtis. Là des filatures et des forges, ici la maison de l’émigrant qui a fait fortune en Amérique et qu’on appelle l’Indien. Le gros bourg de Tolosa marque cette première rampe d’un escalier de géants. Au delà, le pays devient plus sévère, la route plus escarpée : nous la poursuivons cependant au grand trot de nos mulets.

Qui n’a entendu parler des attelages espagnols, de cette longue file de mules attachées deux à deux, que le mayoral gouverne du haut de son siège avec autant de dextérité que de hardiesse, mais non sans les animer par une conversation soutenue, par des noms flatteurs, des cris pathétiques : «  Brava, Capitana ! Adelante, Catalana ! Animo, Pastora ! » Tant fut procédé du geste et de la voix, que Pastora tomba sur le flanc, et ne se releva que sous les sifflements du fouet. O pays de Garcilaso et de Montemayor terre classique de l’églogue, pouvez-vous supporter cette profanation du nom de vos bergères ! Enfin les bœufs viennent renforcer tardive-