Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/172

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son conjugale ? Pensez-vous pourvoir à l’éducation forte que veut une génération républicaine, en l’élevant à des foyers que le divorce pourra éteindre, en l’habituant au spectacle de l’instabilité, à ne plus rien connaître d’éternel, ni par conséquent de respectable ?

Ces prévisions du raisonnement se confirment par les faits. La statistique du divorce dans les contrées de l’Europe-où la loi le permet n’a jamais été complétement dressée. On n’en a pas besoin pour savoir que ces contrées donnent l’exemple d’une immoralité inconnue aux nations qui professent l’indissolubilité du mariage. Il n’est plus permis de se rejeter comme autrefois sur la corruption de l’Espagne et de l’Italie : personne n’oserait plus faire retomber le désordre d’une poignée de noblesse et de bourgeoisie sur des peuples chastes, jaloux jusqu’à l’excès de la vertu de leurs femmes et de leurs filles, Au contraire, il y a longtemps que les protestants déplorent la licence des moeurs de Berne et de Genève. On ne connaît que trop le relâchement qui déshonore l’Allemagne, et qui fait que, dans les grandes villes, le chiffre des enfants naturels dépasse celui des enfants légitimes. Le nombre des naissances irrégulières croît avec celui des divorces qui, en 1837, s’éleva pour la Prusse à 2,391, sans parler de 1497 demandes que les tribunaux rejetèrent. Ces progrès ont effrayé le gouvernement prussien, et ses jurisconsultes les plus