Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/188

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Nous n’avons fait qu’une bien rapide histoire du divorce, mais suffisante pour savoir qu’aucune institution n’eut des origines moins démocratiques. Au moyen âge, ce sont les rois qui réclament le privilége de répudier leurs femmes, soit pour cause de stérilité, soit pour former des alliances plus avantageuses, soit que leurs passions veuillent profiter de cette maxime des légistes : « Que le prince est au-dessus des lois. » Au contraire, quand l’Église leur résiste, quand, prenant fait et cause pour l’épouse délaissée, elle met le royaume en interdit, elle n’est que l’interprète de la conscience des peuples indignés. Pendant que Philippe Auguste tenait la triste Ingeburge prisonnière au château d’Étampes, le peuple de Paris se déclarait hautement pour elle, comme plus tard il jetait de la boue aux carrosses qui promenaient les maîtresses de Henri IV. Dans le protestantisme, le divorce n’est qu’une suite de cette politique aristocratique qui a prolongé la durée de la féodalité en Angleterre et en Allemagne et qui l’aurait perpétuée en France, si le parti protestant, recruté dans la noblesse, n’avait plié devant l’élan populaire de la Ligue et sous le sceptre niveleur de Richelieu. Il avait, fallu permettre la rupture du mariage comme le moyen de perpétuer l’hérédité, de multiplier les liens, de relever la fortune de ces maisons puissantes, par l’autorité desquelles, comme le dit le protestant Jurieu,